En amont de la réalisation de cette étude, George Fotinos et José Mario Horenstein ont tous deux dressé le constat alarmant qu’il n’existait pas d’études ou de recherches consacrées à ces professions. Pourtant, les personnels d’administration sont essentiels pour assurer le bon fonctionnementde la plus haute administration du pays, l’Education nationale et l’Enseignement supérieur. En effet, sans les compétences et l’engagement professionnel de ces personnels, il deviendrait alors presque impossible d’organiser ne serait-ce qu’une simple rentrée scolaire.
En 2020, les personnels d’administration de cette catégorie d’agents de la Fonction publique représentaient 53 000 postes.
Face à cette situation, le syndicat A&I-UNSA soutenu par l’Accord-cadre signé entre le MENJS et la CASDEN Banque Populaire a considéré comme une« ardente obligation » le fait d’avoir une connaissance beaucoup plus précise de la situation actuelle de ces personnels.
Cette étude singulière, s’adapte à leurs caractéristiques particulières et son objectif majeur est d’évaluer leur situation sur 3 registres : la qualité de vie au travail, la qualité de santé, les projets et avenirs professionnels. L’évaluation se présente sous forme d’un questionnaire en ligne adressé aux personnels d’administration classés en trois corps et répartis sur trois catégories (A, B et C) et selon les lieux d’exercice professionnel pour un total de 8 319 réponses retenues.
Une certaine dégradation de l’environnement de travail
L’enquête menée révèle que l’environnement de travail chez les personnels d’administration de l’Education nationale est plutôt mauvais voire oppressant pour beaucoup des interrogés.
Les résultats qui ressortent de l’enquête expriment pour la majorité des participants, un grand manque de considération. En effet, 3 personnes sur 4 se sentent méconnues par leur propre hiérarchie et une personne sur deux parmi les interrogés indique ne recevoir aucune forme de remerciement pour son travail.
57 % des personnels ayant répondu doivent régulièrement faire face à des injonctions contradictoires (62 % de la catégorie A et 54 % de la catégorie C).
L’enquête réalisée permet également de pointer que pour les personnels d’administration, il apparaît difficile de s’exprimer librement sur le lieu de travail. On constate que 6 personnes sur 10 considèrent ne pas avoir la possibilité de faire entendre leur voix. Ce phénomène exprimé touche plutôt les catégories B et C. Par ailleurs, 65 % des personnes interrogées indiquent ne pas avoir d’espace dédié sur leur lieu au travail pour faire entendre leur voix. Cela touche principalement la catégorie C à 71 % et la catégorie A à 55 %.
Pour ce qui est de la formation, on constate que c’est également un élément qui suscite un sentiment mitigé. 6 personnes sur 10 jugent que leur formation est inadaptée à leur travail actuel. Aussi, l’enquête révèle une certaine impression d’injustice au niveau de l’accès aux formations entre les catégories A et C.
1 personne sur 10 de la catégorie C contre, 3 sur 10 de la catégorie A ont bénéficié de 5 formations et plus au cours des 5 dernières années.
Tous ces éléments contribuent à dégrader l’environnement de travail des personnels d’administration. En effet, 47 % des interrogés pensent souvent à une reconversion professionnelle (50 % de la catégorie A et
45 % de la catégorie C).
Le lieu de travail n’est pas forcément synonyme de sécurité
Plusieurs des éléments de réponse à ce questionnaire peuvent être qualifiés d’inquiétants et notamment le fait qu’un grand nombre des interrogés ait déjà subi une quelconque forme de harcèlement.
Le questionnaire montre que 58 % des personnes interrogées affirment avoir déjà été victime de harcèlement moral (64 % pour la catégorie A et 56 % pour la catégorie C).
On constate également que 36 % reconnaissent faire régulièrement face à de l’ostracisme sans aucune différence entre les 3 catégories. 49 % sont des femmes et 42 % sont des hommes.
Enfin, les réponses à ce questionnaire révèlent que 7 % des interrogés déclarent avoir été victime de harcèlement sexuel, 8 % sont des femmes et 2 % sont des hommes.
Une santé et un moral relativement fragiles
L’étude menée révèle également une santé psychologique globalement assez fragilechez les personnels d’administration.
En effet, 44% s’estiment épuisés professionnellement (28 % ont subi un burn-out clinique).
L’étude démontre que parmi plusieurs métiers de l’éducation évalués selon les mêmes critères, ce sont les personnels d’administration qui sont les plus nombreux à présenter des signes d’épuisement professionnel. En effet, dans les études précédentes des auteurs, on notait que l’épuisement professionnel concerne 23 % des directeurs d’école, 15 % des Chefs d’établissement et 10 % des Inspecteurs de l’Education nationale.
En moyenne, 8,5 % des personnels d’administration se considèrent en mauvaise santé.
6 personnes sur 10 déclarent un temps de travail supérieur à 40h. Parmi cette population, on trouve une majorité de personnels de la catégorie A (80 %).
Pour ce qui est du moral de cette catégorie d’agents, il se révèle être plutôt moyen. 50 % des interrogés indiquent un moral moyen à mauvais et 74 % des personnels ne pas arriver à concilier vie professionnelle et vie privée.
Quelques aspects tout de même positifs
L’enquête montre néanmoins des points positifs.
En effet, 8 personnes sur 10parmi les interrogés trouvent du sens dans le travail réalisé et ce sans aucune différence entre les catégories
7 personnes sur 10 jugent que l’utilisation de leurs compétences est plutôt satisfaisante.
Enfin, 9 personnes sur 10 parmi les interrogés se sentent d’une part écoutées et respectées par leurs collègues et 9 sur 10 satisfaites de leurs relations avec les usagers.
A noter que cette étude met en évidence l’importance du lieu de travail pour une même catégorie.
C’est ainsi et par exemple que 70% des personnels de catégorie B d’EPLE s’estiment respectés par la hiérarchie contre 59 % des personnels de même catégorie des Rectorats et DSDEN (Direction des Services départementaux).
67% des personnels de catégorie A des Rectorats et DSDEN estiment avoir bénéficié de formes de remerciements pour leur travail contre 51% des personnels de même catégorie d’EPLE. (Collèges et lycées)
66% des personnels de catégorie C de l’ESRI (Enseignement supérieur et Recherche) sont satisfait de leur formation continue contre 39% des personnels de même catégorie d’EPLE.
En conclusion
Ce travail mené par les auteurs s’inscrit dans un début de prise de conscience générale du monde de l’éducation : il permet de démontrer les liens existants entre la qualité de vie au travail et la réussite des personnels, des élèves, mais aussi avec le fonctionnement des établissements.
Le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, M. Pap Ndiaye vient d’inscrire cette « évolution-inflexion » comme un des principaux axes de sa politique.
L’ambition des auteurs serait que ce travail soit utile à tous ceux et celles qui œuvrent à la réussite de l’école de la République et à la construction de son avenir.
Les résultats complets de l’étude sont disponibles sur demande
Réalisée en ligne entre le 9 mai et le 10 juin 2022, auprès des personnels d’administration divisés en 3 catégories (A, B et C) exerçant sur 4 secteurs d’activité EPLE (Etablissement Public Local d’Enseignement), Services/MENJS, Rectorat/DSDEN, ESRI (Enseignement supérieur Recherche, Innovation). Cette étude repose sur un questionnaire constitué de trois parties :
Des auteurs reconnus pour leur expertise
George Fotinos, ancien chargé d’Inspection générale de l’Education nationale « Etablissement et Vie scolaire », Docteur en géographie, Président du groupe de travail « La qualité de vie au travail » du Comité de suivi de la mise en œuvre des INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education », ex-conseiller du Président de la MGEN (Mutuelle Générale de l’Education nationale).
José Mario Horenstein, Médecin psychiatre, ancien interne des Hôpitaux de Paris et ex responsable de la consultation « Psychiatrie et Travail » MGEN.
20220822 Ouvrage les invisibles V03.pdf
A propos de la CASDEN Banque Populaire
Banque coopérative de la Fonction publique, la CASDEN fait partie du Groupe BPCE, deuxième groupe bancaire en France. A fin 2021, la CASDEN compte 574 collaborateurs, 230 Délégués CASDEN, 7 080 Correspondants dans les établissements de la Fonction publique, et plus de 2 millions de Sociétaires.
Contacts presse : Stéphanie Guillas – stephanie.guillas@casden.banquepopulaire.fr – 01 64 80 34 62
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A propos de A&I-UNSA
A&I-UNSA (Administration et Intendance)membre de la fédération UNSA-Education, est le premier des syndicats représentatifs des personnels de la filière administrative C, B, A titulaires et contractuel-les de l’éducation nationale, de la jeunesse de l’enseignement supérieur et de la recherche. Intercatégoriel, interministériel et interprofessionnel par son engagement au sein de l’UNSA, A&I-UNSA a remporté les dernières élections professionnelles (commissions administratives paritaires) avec 61,5% des voix sur l’ensemble des trois catégories C (adjoint-es), B (secrétaires), A (attaché-es). Il a l’ambition de « faire de chaque personnel l’acteur de son propre changement », pour « Aujourd’ui & pour demaIn ».
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